L'église de Matran

Le premier renseignement écrit que l’on possède sur la paroisse et l’église de Matran date de 1146 ; il en est fait mention dans la bulle du Pape Eugène, bulle confirmant les donations faites quelques années plus tôt par la Reine Berthe et d’autres bienfaiteurs à l’Abbaye de Payerne. La voûte du chœur actuellement visible est de cette époque.
En 1651, l’église est en partie détruite par un incendie. Reconstruite en 3 ans, elle est ensuite refaite en 1746-1747 (tour et nef à neuf).


En 1893, la nef fut prolongée d’une travée. La voûte peinte fut recouverte d’un faux plafond de gypse. 
La restauration de 1950 confère à l’intérieur de l’édifice son aspect actuel, sans les peintures dans la nef qui furent découvertes en avril 1974, lors de la démolition du faux plafond de 1893 qui menaçait de s’écrouler.
On remit alors au jour la voûte en bois de 1746, voûte décorée par le Gottfried Locher, dans le dernier quart du XVIIIe siècle.
Histoire de la paroisse de Matran selon le Père Apollinaire Dellion (1898)

Œuvres d'art de l'église St-Julien de Matran

Gottfried Locher

Peintre issu d’une famille d’artistes, il est né à Mengen (Souabe) en 1730 . Il fut reçu dans la bourgeoisie de Fribourg en 1759. Il est mort à Fribourg en 1795. Deux de ses fils travaillèrent avec lui, si bien qu’il est parfois mal aisé de distinguer leurs œuvres respectives.

La technique

La technique est l’huile sur bois. Les couvre-joints sont coupés autour des médaillons et remplacés par des bandes de toile afin d’obtenir une surface uniforme. Aucun dessin préparatoire n’a été décelé.

Médaillons latéraux gauche

Commentaire de Thérèse Mauris, restauratrice

Les cinq médaillons sont reliés par des guirlandes formant de grands cœurs convergeant vers la Colombe divine (le Saint Esprit). Les cinquante-sept bouquets, tous différents, sont accrochés au firmament par huit nœuds rouges qui s’harmonisent avec les bleus satinés des rubans noués sur les médaillons latéraux.

Médaillon central
Médaillons latéraux droite

Les statues du chœur de l'église

St-Julien, bois polychrome, 17ème siècle

Saint Patron de l’église de Matran, Julien est originaire de Vienne (Isère), ville bordant le Rhône. Soldat romain, il se convertit au christianisme. Persécuté à cause de sa foi, il vit le martyre par décapitation en 304. Son tombeau est situé sous la basilique actuelle de Brioude (France) qui lui est consacrée. 

St-Joseph, bois polychrome, 17ème siècle

Saint Joseph porte un bâton fleuri, symbole de sa chasteté. L'époux de Marie a été déclaré 'patron de l'Eglise de notre temps' par le pape Jean-Paul II (exhortation apostolique REDEMPTORIS CUSTOS )

St-Léon, bois polychrome, 17ème siècle

Le pape Léon IX (1002 - 1054) est un grand voyageur et œuvre activement pour la paix en Europe. Son pontificat fut marqué par le début de la réforme grégorienne (politique, ecclésiastique et théologique). Il ne peut empêcher la rupture de 1054 entre Rome et Constantinople.
Parmi ses attributs, il y a la croix de Lorraine d'où il est originaire et l'évangile.

 

St-Eloi, bois polychrome, 17ème siècle

Saint Eloi (588-660) est évêque de Noyon. Il occupe une fonction de ministre des finances auprès de Dagobert 1er. Il tient en main un sabot ferré car il est le patron des artisans ayant trait au métal, tels les maréchaux-ferrant, les laboureurs ou les orfèvres.

 

La dalle de verre de la place paroissiale

L’artiste, M. Jean-Pierre Demierre de Billens, a conçu le projet de dalle de verre dans les espaces vides du mur au sud-ouest de la place paroissiale. La thématique de l’œuvre est la suivante : un tapis des 7 couleurs de l’arc-en-ciel suggère le passage des ténèbres à la lumière dans un mouvement ascendant vers la droite. Les graphismes utilisés évoquent les cycles de la vie en une double spirale comme celle de l’ADN ou la sinusoïde de la marche du soleil autour de la terre. De gauche à droite, les couleurs foncées, puis plus vives, les lignes, les ondulations, les courbes, les arcs de cercle peuvent évoquer les multiples facettes de l’aventure humaine : l’origine – "le glèbeux" – puis l’enfance, la famille, le travail, la relation à l’autre, la séparation et enfin la résurrection dans un éclat final rougeoyant. Ce rai de lumière, à côté du bâtiment funéraire, est un contrepoint bienvenu à l’ensemble architectural et aux sculptures en bronze du lieu, et un élément artistique empreint d’espérance et de vie.

La bienfacture et la réalisation exemplaire de la dalle de verre sont dues au maître verrier Michel Eltschinger à Villars-sur-Glâne.

La Pietà

Cette œuvre monumentale a mûri 30 ans ans dans l'esprit du Père Hugo Heule. Elle résume tout l’œuvre de cet artiste qui est une "déclaration d’amour à la création et à l’espèce humaine, dans ses rêves les plus merveilleux et ses réalités d’abominables souffrances"… Le cri lancé vers le haut – sur l’objet aimé et détruit – reste «embrassé» par cette immense main qui ne juge pas, mais qui "main – tient"  l'espérance envers et contre tout.

Pour rendre l’aspect parfois tragique de la vie humaine quelque peu supportable, la paroisse de Matran avait demandé à l’artiste de réaliser un triptyque sculptural: au centre cette Pietà majestueuse, vers l’entrée de la morgue «l’arbre de vie» et devant l’entrée de l’église la "tendresse"

La Colombe

Découverte en 2013 dans le galetas de cure de Matran, la sculpture de la colombe dorée, symbolisant l'Esprit Saint, a retrouvé sa place sous l'abat-son de la chaire de l'église St-Julien au mois de juillet 2014.